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Mohsen Zemni : « Partir en Tunisie cette année est un acte citoyen »

Rédigé par Pauline Compan | Mardi 19 Juillet 2011 à 11:22

Beaucoup de familles tunisiennes vont se rendre au pays cette année. Au-delà d’une simple visite familliale, partir en Tunisie en cet été 2011, c’est partir humer l’odeur du jasmin dans les rues de Tunis ou dans la campagne environnant Sidi Bouzid. Un véritable acte citoyen qui signifie, pour certains, un retour aux pays après des années d’absence.



L’Association des Tunisiens de France (Adtf) a été crée à Argenteuil (95) en 2003. Son but est de « rendre la communauté tunisienne française active dans sa citoyenneté et de la faire exister sur l’échiquier associatif », explique son président Mohsen Zemni. Cette année, en plus de ses engagements humanitaires, l’association a mené une véritable campagne pour encourager chaque citoyen à partir passer ses vacances en Tunisie. Un « acte citoyen » pour soutenir la révolution de jasmin.

Comment votre association a-t-elle promeut cette idée de « départ citoyen » en Tunisie?

Mohsen Zemni : Nous avons co-organisé avec la Mairie de Paris et le journal 00216, le Village de Jasmin les 21 et 22 mai dernier sur le parvis de l'Hôtel de Ville à Paris. Le but de cet événement était de mettre en valeur la culture tunisienne et de promouvoir le tourisme et l’artisanat tunisien. Ce village ne s'adressait pas juste aux tunisiens mais à toute la société française, on voulait dire à tout le monde « Permettez nous de vous faire découvrir la nouvelle Tunisie ».

Il y avait des tours opérateurs, des démonstration d’arts de rue, des artisan du secteur bio tunisien. Le message était : « cette année est l’occasion ou jamais de soutenir la révolution tunisienne ». Une révolution pacifique où le peuple a juste dit un mot : « Dégage ! » au dictateur. Mais aujourd'hui si l’économie ne redémarre pas, on offrira le pays sur un plateau d’argent aux mouvements islamistes et nous ne voulons pas cela.

Quelles formes peut prendre ce soutien?

Mohsen Zemni : Il y a beaucoup de moyens. Partir là bas et un pas mais on peut aussi consommer tunisiens, développer des partenariats ou faire de l’humanitaire. Avec l’association nous recensons deux à trois appels au secours par semaine d'hôpitaux ou d'orphelinats. Nous passons d'ailleurs un appel à tous ceux qui ont du matériel scolaire ou médical qui ne sert plus car les besoins sont grands. Nous travaillons actuellement avec deux orphelinats qui en arrivent à récupérer des enfants dans la rue. C'est un phénomène nouveau, révélateur du climat du pays et de la pauvreté.

Quel est l'état d'esprit de la communauté tunisienne en France?

Mohsen Zemni : Elle est très mobilisée pour partir là-bas. Nous avons mené une campagne auprès de nos 8 000 sympathisants pour dire « si vous avez décidé de partir ailleurs, remettez cela à plus tard, partez en Tunisie car le pays a besoin de vous ! ». C’est un acte citoyen qui va au-delà du retour dans la famille et du soleil. Environ 70% des familles qui fréquentent notre association sont parties ou vont partir. Certains ne sont pas rentrés depuis des années en Tunisie.

Et je peux vous dire que beaucoup sont motivés. Hier soir, j’ai reçu un coup de fil d’une famille tunisienne à deux heures du matin. Ils voulaient acheter des billets et rechercher des solutions car les billets sont trop chers. Les tours opérateurs n’ont pas été réactifs sur ce problème. Tunis Air a fait des efforts mais ce n'est pas assez, il faudrait que le ministère du Tourisme s'implique.
On aimerait réaction du gouvernement, au moins lors de la dernière semaine de juillet, pour que tout le monde puisse partir avant le Ramadan.

Avez-vous des solutions pour ceux qui ne sont pas encore partis?

Mohsen Zemni : On leur dit de continuer à chercher et de notre côté, chaque fois que nous trouvons une information, nous la partageons sur nos plateformes de réseaux sociaux et par mail. Si je trouve une promotion à 4h du matin, elle est en ligne à 4h15. Nous sommes également en contact avec des hôtels sur place. L'association souhaite jouer un rôle de relai.  

Y a-t-il des craintes sur l'ambiance une fois sur place?

Mohsen Zemni : Il y a des a priori sur la sécurité et l’ambiance. Vu d’ici on se dit que c’est l’anarchie mais j’ai des appels qui disent tout le contraire. Des amis non-tunisiens sont partis là bas et m’ont appelé pour me dire qu’ils prolongeaient leur séjour. Ils ont apprécier l’accueil et la nouvelle liberté de parole. Les locaux ont envie d’accueillir car ils sont conscients de l’enjeu du tourisme cette année.